Présent sur le plateau d'On n'est pas couché samedi soir, Manuel Valls a confirmé une fois de plus son appétence et sa maîtrise de la communication politique. Homme politique ancré dans son temps, celui de l'immédiateté, du buzz et de la toute-puissance des médias, le Premier ministre ne cesse jamais de penser à son image de marque personnelle. Au risque de vider la parole politique de son sens.
1-D'une manière générale, comment pourrait-on qualifier la communication de Manuel Valls ?
Je
dirais que la communication de Manuel Valls est avant tout cohérente.
Elle était déjà cohérente lorsqu’il était au Ministère de l’Intérieur.
Elle est aujourd’hui cohérente à Matignon. Quelles que soient ses
responsabilités, Manuel Valls reste en effet raccord avec son
positionnement de « Monsieur Sécurité » à
la droite de la gauche avec ce sourire quasi inexistant, cette mâchoire
serrée, ce sourcil froncé, ce poing serré et ce regard parfois noir.
Cette posture
propre à Manuel Valls doit pouvoir nourrir cette image qui le rend si
singulier dans « les linéaires politiques ». Dans sa stratégie de
présidentialisation, Manuel Valls
cultive donc en permanence les 3 postures importantes d’un leader :
celles de la gravité d’Etat, de la fermeté du Chef et de la
détermination politique.
Manuel
Valls est un vrai communicant. C’est ce qui le distingue des autres
ministres. Il a l'expérience, celles notamment de directeur de la
communication de Lionel Jospin et de directeur de la campagne
de François Hollande. Il connaît donc la force de l’image. Fait nouveau
par rapport à la génération précédente, qui plus est à gauche, Manuel
Valls assume complètement cette communication décomplexée, un peu comme
Ségolène Royal dans sa version 2006/2007. Comme elle à l'époque, chez
Manuel Valls, tout est politique, à commencer par sa communication.
L'axe de la sécurité au sein du PS, le changement de nom du parti, c'est
lui. A l’instar de Nicolas Sarkozy lors de son passage au Ministère de
l’Intérieur, le Premier ministre sait donc attirer l'attention et créer
sur lui la visibilité nécessaire pour nourrir son statut de personnage
présidentiable.
2-
Pour Manuel Valls, la politique est communication et la manière de dire
les choses importe autant que le discours lui-même. A quoi cela
mène-t-il selon vous ? Y a-t-il un risque de voir l'action politique
vidée de son sens ?
Manuel
Valls a compris que nous vivions dans une société d’image où le signe
l’emporte sur le sens. Et contrairement à Lionel Jospin dont il était le
chargé de communication, Manuel Valls a
bien intégré l’importance de cette image médiatique dans l’action
politique. Chez Manuel Valls, la forme est donc tout aussi importante
que le fond. Il a intégré la twitterisation
de la vie politique où il faut exister en continu. Et vite. Alors,
Manuel Valls occupe l'espace. Mais ce phénomène est visible partout
ailleurs, surtout dans l’univers des marques commerciales. C’est le
syndrôme des réseaux sociaux. Pour exister, il faut être vu.
Selon
moi, il y a urgence de réhabiliter l'homme politique. Pour cela, il
faut de l’action, du courage, du terrain, de l’engagement. Au sein des
états majors des partis politiques, on devrait pouvoir écrire partout
sur les murs : « moins de parole. Plus d'actes ». Le risque, on le
connait. On le vit aujourd’hui : désintérêt, discrédit, défiance,
abstention…
3-
Peut-on dire que la tendance de Manuel Valls à confondre politique et
communication est représentative de l'époque que nous vivons ?
Manuel Valls est simplement dans son époque. L'époque est à l'immédiateté. Alors, il va vite. L’époque est à l'ultra communication. Alors, il communique. L’époque est au buzz. Alors, il multiplie les petites phrases et les mots choc (rappelons nous les termes de « kyste », « mafia » ou encore « gangrène » qu’il avait utilisés, comme N. Sarkozy avec « racaille » et « karcher » en son temps). L’époque est au Spectacle. Alors, il va chez Laurent Ruquier pour toucher le plus grand monde, parler à ceux qui ont décroché de la politique et enfin pour créer l’événement par un accrochage, une déclaration ou une image forte. A titre de comparaison, Lionel Jospin, lors de la campagne présidentielle de 2002, avait refusé d’aller chez Michel Drucker. Contrairement à Lionel Jospin, Manuel Valls est un "bon client" pour les médias.
Manuel Valls est simplement dans son époque. L'époque est à l'immédiateté. Alors, il va vite. L’époque est à l'ultra communication. Alors, il communique. L’époque est au buzz. Alors, il multiplie les petites phrases et les mots choc (rappelons nous les termes de « kyste », « mafia » ou encore « gangrène » qu’il avait utilisés, comme N. Sarkozy avec « racaille » et « karcher » en son temps). L’époque est au Spectacle. Alors, il va chez Laurent Ruquier pour toucher le plus grand monde, parler à ceux qui ont décroché de la politique et enfin pour créer l’événement par un accrochage, une déclaration ou une image forte. A titre de comparaison, Lionel Jospin, lors de la campagne présidentielle de 2002, avait refusé d’aller chez Michel Drucker. Contrairement à Lionel Jospin, Manuel Valls est un "bon client" pour les médias.
4
- Manuel Valls se réclame souvent de Georges Clémenceau. Qu'y a-t-il
derrière cette comparaison ? Comment expliquer cette fascination ?
En
politique, les références historiques ne manquent pas, de Jeanne d’Arc
en passant par Jaurès, De Gaulle ou encore Mitterrand. Ces références
sont forces d’évocations et d’images. Elles nourrissent le storytelling
de l’homme politique mais également l’imaginaire de l’opinion. L’homme
politique joue en permanence avec les symboles, surtout lorsqu'il est en
campagne. Ainsi, l'homme politique aime faire référence à des hommes,
des lieux, des discours également. George Clémenceau, c’est l’histoire
de France, la République, surtout un destin hors norme. George
Clémenceau, c’est le « tigre ». Et le tigre, c’est l’animal rapide et
puissant que l’on dit aussi imprévisible. S’associer au « Tigre » n’est
donc pas un hasard. « La politique c’est du sérieux » dit Manuel Valls.
Et chez Manuel Valls, il ne faut pas l'oublier, tout est politique.
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