13 décembre 2012

MONTEBOURG : Le Mélenchon du PS.

TRIBUNE LIBRE DANS L'EXPRESS DU 04.12.12

Pour notre contributeur François Belley, publicitaire et auteur de Ségolène, la femme marque, Arnaud Montebourg est par définition le "communicant" du gouvernement, à l'aise avec les images, les mots et... les médias, y compris dans la polémique Florange. 

Arnaud Montebourg est par définition le "communicant" actuel du gouvernement socialiste. A l'inverse de Pierre Moscovici, Michel Sapin ou encore de Jean-Marc Ayrault, le ministre du Redressement productif est passé maître dans l'art de la petite phrase et manie à la perfection les images fortes. Contrairement à l'ancienne génération, le Député de Saône-et-Loire sait (hélas) que pour exister en politique, il convient avant tout de créer l'événement dans la sphère médiatique. Régulièrement, Montebourg multiplie les effets d'annonces dans le choix de ses mots, de ses actions et de ses séquences qu'il scénarise toujours avec le plus grand soin. Plus que les autres, Arnaud Montebourg a intégré la société d'image et de signes dans laquelle le citoyen-électeur vit. Et le politique aussi.
Chez Montebourg, ce profil d' "ultra communicant" n'est pas nouveau. Pour rappel, il n'a pas hésité (en rebond du dernier Mondial de l'Automobile) à se rendre au Conseil des Ministres à bord d'une voiture électrique et française. Posture classique, certes déjà vue mais toujours efficace en termes de retombées médias.
Il est aussi celui qui tombe volontiers la chemise blanche de Ministre pour enfiler une marinière et poser en Une du magazine du Parisien afin d'incarner le "made in France". Point intéressant sur la forme, Montebourg essaye de toujours mettre en scène son action politique. Il scénarise son message et l'illustre à l'appui d'images et d'idées plus ou moins malignes. Au fond, qu'importe si l'on parle de lui en bien ou en mal, Montebourg existe et se place, dans cette première étape de "notoriété", au premier plan des linéaires de l'offre politique.

Pression indirecte sur le Premier ministre

Mais au-delà de l'image, c'est aussi par le verbe que le Ministre se distingue des autres. Maitrisant manifestement aussi la technique du "off", il a "lâché" encore ce week-end (et de façon stratégique) à Libération l'épisode de sa probable démission. Gérant aussi la bataille médiatique en s'invitant dès le samedi soir au JT de 20h, Montebourg mettra une pression indirecte au Premier ministre, lequel par voie de communiqué de presse saluera son action, en parlant de lui comme d'un Ministre qui "n'a pas ménagé sa peine pour chercher toutes les solutions possibles comme il le fait sur de nombreux dossiers particulièrement difficiles".
Dans cet épisode, Montebourg choisit finalement de rester dit-il "à son poste de travail et de combat". Là encore, les mots ont un sens. Le terme de "combat" n'est pas employé par hasard. Dans cette séquence de Florange, le Ministre ressort son costume d'indigné si bien porté lors de la primaire, et se place du côté des ouvriers, apportant même dans un accès de bienveillance cafés et croissants... toujours devant les caméras. De fait, Montebourg est en ligne et en raccord direct avec son positionnement politique, celui nourrit lors de la primaire, celui de la gauche du PS, de la "démondialisation", autrement dit celui qui se bagarre, qui est sur le terrain. En résumé, Montebourg c'est assurément le Mélenchon du PS! Il le sait. Le joue. Et l'assume.

Volonté d'action traduite par la sémantique

Sur l'importance et le choix des mots toujours, il est intéressant de noter aussi combien le nom de son ministère du "Redressement productif" (fort moqué à l'époque) vient rappeler le positionnement auto proclamé du candidat lors de la dernière primaire PS. Souvenez-nous en effet du "candidat du redressement de la France", même "du redressement de l'Europe". Une volonté d'action aussi dans la sémantique qui vient en cohérence avec le Montebourg d'aujourd'hui hyperactif sur le terrain, dans les médias.
En tout état de cause, Arnaud Montebourg semble (dans la durée) se construire une stratégie de communication. Une stratégie qui semble à terme avoir intégré une -probable- future dimension laquelle lui permettrait d'une part de se dissocier de l'image de "gauche molle", de l'échec -probable- du gouvernement sur certains de ses dossiers et d'autre part de nourrir sereinement (à l'abris des écarts d'images) son positionnement à la gauche du PS. Démissionner serait en définitive un fait d'arme politique pour lui, le rendrait populaire et lui permettrait à coup sûr de retrouver son costume de la primaire où comme 3ème homme, il avait su créer la surprise. 

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