2 mars 2012

Interview au JDD / décryptage des affiches de campagne.


Ci-dessous une interview que j'ai donnée au JDD.fr. L'occasion pour moi de revenir sur l'ensemble des affiches de campagne et de les décrypter. C'est "ti-par".

Le match des affiches de campagne

Ces portraits seront visibles partout dès que la campagne officielle aura commencé. A travers leur affiche de campagne, les candidats à la présidentielle doivent faire passer un message fort en une expression et quelques mots. Pour leJDD.fr, le publicitaire François Belley livre ses analyses, en comparant ces affiches à celles de 2007.

L'affiche de campagne, l'ingrédient indispensable d'une bataille présidentielle. "Cet exercice de style consiste à résumer en un slogan et une image la personnalité et le projet du candidat", explique François Belley, publicitaire pour l'agence Melville, chargé de décrypter pour leJDD.fr le cru 2012. Un exercice qui est "plus ou moins réussi", à en croire celui qui a analysé la communication de Ségolène Royal en 2007*. Pour ce spécialiste demandeur d'originalité, il y a donc du bon et du moins bon dans les affiches des quatre principaux prétendants à l'Elysée. Et surtout du changement par rapport à la précédente campagne présidentielle. Explications.

Nicolas Sarkozy

"Toute la difficulté pour lui est de faire une affiche de président sortant. La promesse, et même la 'sur-promesse' du candidat neuf de 2007 - avec le slogan 'Ensemble, tout est possible' -, a laissé place à un recentrage autour de la marque Sarkozy. D'où le choix de "la France Forte", témoin de son volontarisme et de son énergie. Ce slogan est intéressant puisqu'il veut s'opposer à François Hollande. Concernant l'image, Nicolas Sarkozy ne regarde plus l'électeur mais un horizon, synonyme d'avenir. Personnellement, je préfère que le regard soit de face, comme en 2007. Globalement, j'aime la cohérence de l'affiche. Mais pour incarner le rassemblement, le choix de l'océan en arrière-plan me semble mauvais. Ici, il fait plutôt capitaine solitaire!"

François Hollande
"Ségolène Royal est une véritable marque. En 2007, on était plus dans la photo de mode que l'affiche classique. L'objectif était d'incarner au maximum la féminité, notamment avec ce cadrage très serré. Cette affiche est un véritable ovni. Celle de François Hollande est tout à fait différente, mis à part le classique terme du "changement". Le slogan de 2012 est cohérent mais il n'y aucune prise de risque. A vrai dire, tout le monde peut l'utiliser et il n'exprime pas grand-chose. De même pour son visage, qui ne traduit aucune émotion particulière. Le côté jovial qu'on lui prête ne ressort pas. Logique : il doit se présidentialiser et donc paraître sérieux. Mais je pense qu'il peut davantage nourrir cette promesse de changement dans son affiche de campagne officielle, qui doit être dévoilée prochainement."

François Bayrou
"François Bayrou a décidé de sourire, contrairement à 2007. Cela montre que sa stratégie a évolué. Il y a cinq ans, il ne s'était pas encore imposé dans le paysage politique, il avait un souci de crédibilité. Aujourd'hui, contrairement à Hollande et Sarkozy, il y a une vraie recherche de sympathie et d'adhésion. Cette affiche, si elle semble moins sérieuse dans le faciès, est finalement plus humaine. Cela correspond à son personnage. L'écriture manuscrite est un choix intéressant, là encore synonyme de proximité. Mais en termes de lisibilité, cela peut être une contrainte. De plus, il transcende complètement son parti, avec cette simple touche d'orange. A mon avis, le principal bémol de cette affiche concerne là-encore le regard, assez fuyant."


Marine Le Pen

"L'affiche est vraiment novatrice, et tout à fait révolutionnaire par rapport à 2007. Il y a une volonté de s'affranchir totalement de la marque Le Pen. Aucune mention de son nom ni de son parti ne figure sur cette affiche. C'est cohérent, au vu de sa stratégie de dédiabolisation de sa formation. Le slogan ultra-classique de 2007 a disparu. Ici, le point d'exclamation est très intéressant et elle est l'une des seules, avec Mélenchon, à pouvoir l'utiliser. On est dans une forme de radicalité qui est propre à ses idées. Le "Oui" est en contrepartie un bon choix, pour ce parti contestataire qui est dans la contradiction permanente. De plus, Marine Le Pen capitalise au maximum sur sa féminité, avec cette posture de séduction, voire d'intimité, qui casse tous les codes."

* Ségolène®, la femme marque
, édition Broché
Arnaud Focraud - leJDD.fr

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