8 février 2012

La mode « vintage » du ‘Made in France’… .


... ou comment refaire du neuf avec du vieux !

Vulgarisé en décembre dernier par François Bayrou, le « made in France » (initié en revanche dès 2010 par Y. Jégo) est donc devenu ces derniers jours un des thèmes majeurs de l’actuelle campagne présidentielle. Pour autant, ce thème n’est pas nouveau puisque, pour rappel, G. Marchais (en 1981) puis à JM Le Pen (dans les années 90) avaient fait respectivement du « Produisons Français » leur slogan de campagne. C’est donc, sur le plan de la communication politique, une notion, on ne peut plus classique.

Aujourd’hui, pourtant, cette thématique paraît plus que jamais dans l’ère du temps. Car en réalité, parler du « Made in France » s’inscrit dans une double crise, celle que j’appelle notamment la crise aux 2 « i » :
- d’abord, industrielle, marquée en effet par une séquence de délocalisations et de fermetures d’usines dont « Lejaby » en est le symbole ;
- ensuite, identitaire, marquée par la remise en cause dans le même temps de la mondialisation et de l’Europe ;

Ce qui est intéressant, en revanche, c’est de voir cette thématique reprise par quasi l’ensemble des candidats (Sarkozy, Hollande, Bayrou, Le Pen, Dupont-Aignan…), lesquels tentent d’une part, de s’approprier la paternité du « concept », d’autre part, de l’appliquer et de le rendre cohérent (dans la sémantique notamment) par rapport à leurs positionnements respectifs. Ainsi, Bayrou parlera « d’Acheter Français », Sarkozy « de produire Français », Le Pen de « Protectionnisme industriel » et Hollande de « Patriotisme industriel ». A chacun sa forme, son style donc mais au fond l’argument reste le même.

Sous fond de crise, le « made in France » a donc un double intérêt :
- d’une part, elle permet aux politiques d’apporter (au moins dans l’effet d’annonce) une réponse à la mondialisation et de montrer au passage (de façon indirecte) un certain attachement au patriotisme (sujet toujours « touchy » mais électoralement stratégique) ;
- d’autre part, elle permet aux Français de se rassurer (dans un élan de solidarité) derrière un label de qualité, gage de savoir-faire et d’authenticité. Car la marque « France » comme le dit Sarkozy (cf: vidéo) rassure l’opinion. Et pour preuve, 2 français sur 3 se disent même prêts à acheter plus cher un produit fabriqué en France.

A ce propos, dans l’univers commercial, certaines marques sont d’ailleurs intéressantes tant leur nom est caution et synonyme d’expertise. Je pense notamment et dans des domaines différents à France Télécom (télécommunication), Reflets de France (terroir) ou encore Miss France (Beauté)… Si l’on revient à la politique maintenant, l’enjeu (comme toujours d’ailleurs) est de dépasser le simple effet d’annonces et d’aller plus loin que les belles images scénarisées (avec uniforme et casque d’ouvrier) pour nourrir, à l’appui de propositions fortes, novatrices et courageuses, ce concept sur lequel a priori tout le monde est d’accord. Champagne ! Belley.

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