11 février 2012

Le « faire-part de naissance » du candidat...


... ou la déclaration de candidature.

A la « veille » de l’entrée en scène officielle de N. Sarkozy (prévue dit-on pour Mercredi 15/02) et au lendemain d’une interview que j'ai donnée à "l’Express" sur ce sujet, je trouvais intéressant, compte tenu de la séquence en cours, de revenir sur l’exercice difficile que constitue la déclaration de candidature pour un homme politique.

Aussi, qu’elle s’inscrive dans le cadre d’une première candidature ou d’un renouvellement de mandat, la déclaration, véritable point d’ancrage d’une campagne électorale, doit respecter, selon moi, 3 règles de base :

- D’abord, elle doit créer la surprise, celle-ci pouvant être atteinte bien souvent par le choix du timing ou la forme, l’objectif in fine étant de créer l’événement autour du candidat. A titre d’exemple, je citerai la déclaration de J. Chirac en 1995, prenant de court son principal adversaire (Balladur), ou celle de Mitterrand en 1988 avec un simple « OUI » en réponse à la question du journaliste. Concernant maintenant les candidatures à la candidature, la référence revient évidemment à Nicolas Sarkozy en 2003 avec son désormais célèbre « Pas simplement quand je me rase » et, dans une moindre mesure, à Ségolène Royal en 2005 qui, à l’époque, était sortie du bois en glissant une confidence lors d’une interview à Paris Match. A chaque fois, ces véritables « faire part de naissance » du candidat avaient été adressés le plus largement possible, autrement dit, massivement repris par les médias.

- Ensuite, elle doit être cohérente c’est-à-dire être en phase avec le positionnement, l’histoire et les valeurs du candidat mais également prendre en compte ses faiblesses en termes d’image. Premier acte de communication de la campagne, la déclaration de candidature doit ainsi pouvoir nourrir l’image de marque du candidat. S’adressant assis confortablement depuis son bureau de Matignon, E. Balladur, en 1995, était apparu trop officiel, trop solennel, austère, distant donc contre-productif. Et que dire, en 2002, du fax de L. Jospin envoyé à l’AFP faisant de sa candidature un non événement et du leader socialiste un candidat froid, lointain voire, pour certains, méprisant. A l’inverse, en se déclarant en province en 1995 et 2002 (entretien à la Voix du Nord puis déplacement à Avignon), J. Chirac a très vite su capitaliser sur sa valeur ajoutée, à savoir sa popularité, son rapport au « réel » et sa proximité avec les « vrais gens ». Plus récemment, l’ancrage local (certes peu original mais cohérent et efficace) de F. Hollande, à Tulle, ou encore de M. Aubry à Lille leur ont permis de se présenter plus proche que jamais des citoyens, parmi eux, à côté d’eux. Et donc d’apparaître simples et naturels.

- Enfin, elle doit être associée à l’espoir
, le candidat déclaré devant offrir un nouveau souffle et mettre en avant sa valeur ajoutée au sein de l’offre politique. Aussi, que vous soyez un nouveau candidat (F. Hollande) ou un candidat sortant (N.Sarkozy), vous devez toujours apparaître comme neuf, soit par le « style », soit par les propositions. Ainsi, dans cet exercice, il convient de ne pas être avare de promesses ambitieuses. Une élection est en effet toujours « perçu » comme un moment d’espoir pour le conso-électeur.

Souvent frileux en termes de communication, les candidats se montrent finalement assez classiques dans l’approche de leur annonce de candidature, réduisant donc au minimum les risques liés aux retombées de l’événement. Ainsi, en France, les mêmes scénarisations (plus ou moins réussies d’ailleurs) nous sont servies depuis plusieurs années, c’est souvent en effet, la conférence de presse « terrain/terroir » (Bayrou 2007), l’intervention au JT de 20h (Villepin 2012), le communiqué de presse (Jospin 2002) ou encore l’expression directe « les yeux dans les yeux » avec les Français (Balladur 1995).

Aussi, à l’ère du tout numérique et de la politique 2.0 (F. Hollande est l’homme politique le plus suivi sur twitter avec 141 000 followers / N.Sarkozy a le plus grand nombre d’amis sur facebook : 523 904), je m’attendais, pour cette élection (surtout de la part des petits candidats en recherche de visibilité), à plus de modernité et d’originalité : une vidéo virale dynamique (à la manière d’Obama 2012) ou même une déclaration percutante en 140 signes mais non ! Addict aux réseaux sociaux, Morano nous fera peut-être la blague ces prochains jours, histoire de faire rire la toile à nouveau. Belley.

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