29 janvier 2012

Les mots n'ont plus de sens.

Je profite du conseil national de l’UMP (hier soir Porte de Versailles) pour revenir sur 2 notions clés omniprésentes dans l’actuelle campagne présidentielle :

- La première est celle de la « résistance », si chère à l’Histoire de France et force évidente d’évocations dans l’électorat. Contexte de crise et défiance politique obligent, le terme est aujourd’hui massivement repris par quasi l’ensemble des candidats à l’élection présidentielle, à commencer légitimement par Jean-Luc Mélenchon du front de gauche qui, en s’appuyant sur la révolte, la colère ou encore l’indignation permanente, a su nourrir l’image du candidat résistant « seul contre tous » et donc incarner la promesse de son parti : « faire front ».

Avec son slogan de campagne « Un pays uni, rien ne lui résiste », François Bayrou a lui aussi endossé habilement le costume de « résistant » appelant (dans son meeting du 18/01 dernier à Dunkerque) « à faire rimer le nom de France avec le beau mot de résistance ». Et de « résister » respectivement à « l'enlisement, à l’appauvrissement, à la fuite des activités, aux compromissions, aux privilèges excessifs et indus, à l'illettrisme, à l’'argent roi, à l'affaiblissement ». Candidate du parti démocrate dont le slogan de campagne est « résister, transmettre, construire », Christine Boutin l’accusera même de plagiat tout comme Marine Le Pen.

Plus surprenant, c’est de retrouver cette même notion dans la rhétorique du camp actuellement au pouvoir, plus précisément hier dans le discours de Jean-François Copé, lequel appelait à « garder toujours intact l’esprit de résistance ». Aussi, quel que soit l’objet de cette « résistance » (sarkozysme, crise, mondialisme, finance, sondage etc…), force est de constater que ce terme, utilisé par tous, est aujourd’hui plus que jamais galvaudé. Il est donc temps pour les candidats de s’interroger sur la signification et le réel impact de cette notion dans l’électorat quitte à la revoir pour s’approprier une nouvelle rhétorique plus adhoc, c’est-à-dire nouvelle et surtout plus en cohérence avec le positionnement politique du candidat.








- La seconde est celle de « l’anti système » dont le positionnement se retrouve, dans l’actuelle campagne, totalement banalisé et, pour tout dire, vide de sens. Pour se différencier dans l’offre politique, rien n’est plus tendance en effet que de se déclarer aujourd’hui « candidat anti-système ». Mais au fond, de quel « système » s’agit-il ? Sur le marché politique, le Front National s’est toujours historiquement positionné comme tel, c’est-à-dire contre l’ensemble des élites politiques en s’adressant (quasi exclusivement) à une cible « d’exclus et de sans grade».

Faisant parti un temps de ces dites élites, François Bayrou est contraint quant à lui de faire une toute autre interprétation en s'opposant fermement à la bipolarité de la politique française, le système étant représenté dans ce cas par l’UMP et le PS dans son alternance (sa contraction UMPS même par moment). Membre du Parti Socialiste pendant plus de 30 ans (!), JL Mélenchon se positionne également comme le candidat de l’anti-système, ses cibles privilégiés étant pour sa part essentiellement les « politiques, journalistes et autres banquiers », auxquels il conseille simplement cf : titre de son dernier ouvrage) de « tous s’en aller ».

Vous l’aurez compris, l’anti-système (à l'encontre tantôt des élites, tantôt des politiques, des médias, de la finance ou encore des sondeurs…) est un terme porteur car il s’inscrit plus que jamais dans un contexte de crise, d’attente de « changement » et de désir profond de faire de la politique autrement. Mais là encore quid de son sens et de sa réelle signification eu égard au positionnement similaire de la concurrence ?

Veuillez installer Flash Player pour lire la vidéo

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire