28 janvier 2012

Décryptage W/C 23 janvier.


L’ image de la semaine,
Revient à la « présidentiabilité » enfin révélée de François Hollande lors de son débat sur France 2 avec Alain Juppé. Annoncé comme le challenger, le leader socialiste était celui qui avait le plus à gagner. Il a, par sa prestation, confirmé sa bonne dynamique actuelle :

- D’abord, sur la forme, Hollande a réussi à tirer le meilleur parti de la caméra : regard, sourire, émotion et même une dose d’humour (maîtrisée) faisant rire à 2 reprises le public sur le plateau. Pourtant plus expérimenté, Juppé est apparu quant à lui nerveux, susceptible, arrogant, parfois même agressif, signes au fond qu’il n’était pas maître de lui-même.

- Ensuite, Hollande a réussi à imposer un style loin d’un homme et d’une gauche molles. Il ne fut pas (comme beaucoup l’attendaient) le « maillon faible » et la victime de Juppé. Vif, sûr de lui, concret, Hollande s’est installé dans une posture de futur Président aidé, il est vrai, par son interlocuteur ayant déjà presque accepté étrangement une victoire de la gauche « Il y a des erreurs, j’espère que vous les corrigerez » , « On verra ce que vous ferez » dira Juppé au cours du débat.

- Enfin, plus que le débat en lui-même, c’est l’interprétation immédiate post débat qui a bénéficié largement à François Hollande, contribué fortement à nourrir sa crédibilité et donc a renforcé sa stature présidentielle. Selon moi, cette séquence médiatique constitue plus que jamais un temps fort majeur de sa campagne.




La formule de la semaine,
revient incontestablement à Nicolas Sarkozy (avec cette fausse confidence « C’est la première fois de ma vie que je me retrouve en situation d’envisager la fin de ma carrière ») qui nous rappelle, au passage, sa maîtrise du « off » et son sens avisé de la communication. Selon moi, cette formule franchement inattendue, de la part d’un politique stratège comme Nicolas Sarkozy, est - pour le coup - tout sauf un hasard :

- D’une part, parce qu’elle intervient en pleine dynamique médiatico politique de son principal rival, François Hollande, plus que jamais sous les feux de la rampe depuis son discours réussi du Bourget ;

- D’autre part, parce qu’en jouant clairement sur l’affect de l’électorat, elle humanise un Président en perte de vitesse dans les intentions de votes créant de fait une certaine empathie autour de l’homme qu’il est avant tout ;

- Enfin, parce qu’elle installe subtilement l’éventualité d’un « après Sarko » dans un contexte de crise sans précédent exigeant plus que jamais à la fois pugnacité, volontarisme et présidentiabilité, soit justement les 3 forces du Président actuel.

L’idée donc de regret et son corollaire « bon après tout, il n’était pas si mal » permettent d’intégrer une dimension émotionnelle à quelques jours d’une sortie médiatique "cruciale", ce Dimanche, qui devrait (à l’appui de mesures fortes, « révolutionnaires » dit-on même) montrer un Président en campagne, pragmatique, déterminé et sûr de son destin. A suivre.



Le conseil de la semaine,
Pourrait être gracieusement donné à Nicolas Sarkozy qui tarde (trop ! suis-je même tenté de rajouter) à se déclarer candidat dans un contexte où Hollande, déjà bien en avance dans les sondages, tend à occuper de plus en plus l’espace et à donner le tempo de la campagne.

Jusque-là, les Français étaient habitués à voir en Sarko un éternel candidat, adepte du « faire » omniprésent sur tous les fronts à la fois sur le terrain et dans les médias. L’initiative, le volontarisme, l’action faisaient de ce triptyque la valeur ajoutée de la marque Sarko, son positionnement. Il est aujourd’hui plus que jamais Président en pleine campagne. Etrange paradoxe.

Il est temps maintenant qu’il se lance dans l’arène de la campagne, puisque les Français le préfèrent apparemment plus candidat que Président. Dimanche devrait être le point d’ancrage de sa campagne.

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