10 mars 2011

La marque "Le Pen" passée au crible !



L’état des lieux.

« La marque alternative ».

Annoncée par les spécialistes, au soir du 1er tour de l’élection présidentielle de 2007, pourtant au terme de son cycle de vie, la marque « Le Pen » aura donc su gérer, avec une rare dextérité, sa phase de déclin en réussissant non seulement à maintenir, sur le marché électoral, la pérennité de son offre mais également à se relancer, de manière tactique, pour devenir aujourd’hui l’une des « griffes » les plus attractives aux yeux des « conso électeurs ». Etrange paradoxe que celui de cette « marque politique », historiquement la plus ancienne du marché, qui est donc, à l’appui du dernier sondage Louis Harris, désormais aussi une marque « en devenir » (!). Bénéficiant du pouvoir d’évocations naturelles de son « patronyme » et de son impact dans l’esprit des Français, Marine Le Pen a su surtout, depuis 2007, marquer une évolution voire une vraie rupture préférant en effet le style et le sourire féminins aux provocations viriles et inutiles de son père. Elle présente ainsi, à l’appui d’un « packaging produit » résolument plus moderne, l’image d’une offre dans l’air du temps, susceptible d'être intéressante donc plus acceptable. Marine Le Pen a en effet réussi à « démarginaliser » le vote « FN » en faisant de celui-ci un vote de « la colère » plutôt qu’un vote cristallisant « la haine et les peurs ». Toutefois, l’ascension spectaculaire de Marine Le Pen s’explique surtout à droite, par le rejet, la déception et l’impopularité de Nicolas Sarkozy, et à gauche, par le manque de projet commun et l’absence manifeste de candidat tout du moins de leadership, lesquels cumulés rendent de fait le « FN » comme une offre politique lisible, donc digne d'intérêt, avec une ligne programmatique claire et un positionnement lui aussi facilement identifiable : soit celui de « l'anti système » et de « l’alternative » crédible et désormais possible au regard des dernières intentions de votes.

L’enjeu.
« Gagner en présidentiabilité ».

Incarnant, de toute évidence, une réelle rupture dans l’offre politique française, l’intention de vote « Le Pen » devenue Marine doit, toutefois, être considérée davantage comme un vote « par défaut » qu’un vote « d’adhésion » tant la présidente du FN rassemble sur son nom d’abord les déçus de la politique, les français se sentant en effet de plus en plus « coupés » de leur élites. Idéalement placée dans les intentions de vote à 14 mois seulement de l’élection présidentielle, Marine Le Pen doit pouvoir maintenant dépasser la posture de « rebelle », de « vote contre » et donc aller au-delà du positionnement historique de son père. Ce qui met, selon moi, la leader frontiste devant un double enjeu : d’une part, nourrir le positionnement du candidat « du neuf » et « du côté du peuple » en priorisant son action sur le seul quotidien des Français ; d’autre part, crédibiliser non pas sa présence au second tour (puisque celle-ci est pour l'heure envisageable) mais la possibilité d’une gouvernance « Le Pen » et donc transformer le « vote FN » en « vote pour ». Chose fort improbable dans les faits mais jouable dans la construction de l’image « perçue ». Aussi, pour prouver qu’une « autre politique » est possible, Marine Le Pen devra pouvoir franchir un nouveau cap, mettre en avant ses capacités personnelles mais également les compétences de son équipe (!). La perspective d’un 21 avril, à l’envers ou pas, est-elle possible en 2011 ? Ce scénario n'est en tous cas plus inenvisageable. Quoi qu’il en soit, le « conso électeur », d’abord réservé puis curieux, approche désormais le produit « Le Pen » sans retenue, l’observe et le repose en pensant que lorsque le jour viendra, il pourrait peut-être bien le choisir dans sa liste de course. Les responsables du linéaire sont d’ores et déjà prévenus. Il conviendra donc de réagir. Vite. Et en amont.
Belley

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