12 mars 2010

La com' peut-elle enrayer l’abstention ?



La presse, une nouvelle fois alarmante sur ce sujet électoral désormais récurrent, prévoit au soir du premier tour des régionales (chiffres prévisionnels à l’appui), une abstention record avoisinant les 50% : un chiffre certes inquiétant en première lecture mais qui, paradoxalement, est loin de constituer une surprise en soi tant les élections, de manière générale, ne passionnent pas les Français. Définitivement. Mis à part la dernière présidentielle, différente de par l’importance de son enjeu, sa forte exposition médiatique et sa personnalisation à outrance, les dernières campagnes (à l’image de l’abstention record - 59,3% -, là aussi, des européennes) ont, hélas, montré et maintenant bien confirmé un désintérêt profond (voire un mépris) des Français à l’égard du jeu et de la classe politique. Dès lors, quels que soient la teneur de la consultation et le résultat à la sortie des urnes, le dénouement (un tantinet fataliste suis-je tenté d’ajouter) est connu de tous : l’abstention sort toujours vainqueur du scrutin. C’est ainsi. So what ? Les mêmes causes produisant les mêmes effets, les séquences électorales passent donc les unes après les autres sans que les instances politiques ne se penchent véritablement sur le fond du problème. Pourtant cette indifférence électorale, quasi aboulique, peut s’expliquer, en France, à la fois par le fond et la forme même de nos campagnes :

- Premièrement, le fond c'est-à-dire les idées, les thématiques, en somme tout ce qui devrait nourrir le débat et rendre l’échange avec les Français passionnant, ces derniers étant en quête de réponses (tout du moins de propositions) à leurs préoccupations du quotidien. Si l’on revient à ces régionales, que retient-on ? Interrogeons les citoyens sur les sujets qui les ont marqué ? Que disent-ils ? C’est la première raison de ce désamour politique et donc de l’abstention de dimanche prochain : cette campagne a été simplement vide de sens. La nature ayant, par essence, horreur du vide, cette séquence a été en effet marquée par les seules querelles de pouvoirs et/ou de personnes qui, au pire, désespèrent les Français, au mieux, les amusent mais qui, de toute évidence, ne les aident pas à s’intéresser à la vie de leur cité. Non franchement pas. Dans ce contexte, difficile donc d’identifier les enjeux réels d’un tel scrutin et de comprendre, par conséquent, l’importance du vote le jour J.

- Deuxièmement, la forme c’est-à-dire les supports qui aident à faire connaître le candidat et sa personnalité, à renseigner sur son programme, sa ligne idéologique et plus largement sur sa vision de la société et du monde. Quels sont donc, à date, les moyens de communication utilisés pour servir l’homme et ses idées ? Entre archaïsme et pseudo modernisme, il y a d’une part les affiches et tracts de campagne aussi inutiles que dépassés et d’autre part les réseaux sociaux (principalement facebook et twitter) qui, hélas, sont plus devenus des journaux de campagne que des lieux d’échange (en passant, je préférerai lire sur facebook « Que pensez-vous de cette idée sur le logement… ? » que « Hier, j’étais sur TF1… Tout à l’heure sur Canal +.. etc…»). Dès lors, une question plus générale se pose. Pourquoi, dans un souci démocratique dit-on, avoir privé le candidat d’utiliser tout support commercial publicitaire trois mois avant une élection et ainsi avoir limité sa communication à ces affiches officielles et à ces professions de foi eux aussi vide de sens ? Par extension, pourquoi ne laisser qu’aux seuls médias, à l’appui de leurs enquêtes et sondages quotidiens, l’exclusivité de construire l’opinion avec les risques partisans que cela induit ?

Aujourd’hui, il est temps pour le candidat d’être enfin libre de l’affectation de ses moyens d’expression pour que le citoyen électeur puisse mieux comprendre, pour mieux choisir devant l’homogénéité du linéaire politique. Par conséquent, il convient d’adapter davantage la réglementation de l’actuelle communication politique pour que celle-ci, plus moderne et plus flexible, puisse permettre, dans sa vulgarisation, d’expliquer les grands enjeux politiques, économiques et sociaux et ainsi susciter l’intérêt puis la mobilisation et donc, par extension, limiter l’abstention. Frédéric Maillard a initié le mouvement. A l’appui de mon ouvrage, j’ai aussi milité pour cette libéralisation de la communication politique, elle-même relayée actuellement par Nicolas Bordas dans les médias et sur le web, et ce d’une manière active. Plus que jamais le débat est lancé et le moment propice pour bouger. Non, la communication n’enrayera pas l’abstention. En revanche, elle saura la limiter, la freiner. Alors essayons. Souvent hostiles à cette « publicitarisation » de la politique (disent-ils), nos dirigeants seraient les premiers surpris. Alors chiche ? François B.

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