21 septembre 2009

Fête de la fraternité (bis). Débrief d’image


En toute « franchitude », j’avoue avoir attendu avec une certaine impatience cette seconde édition de la fête de la fraternité (organisée à l’initiative de Ségolène Royal et Désirs d’Avenir) tant celle de l’an passé avait ébloui mon œil de communicant. Il faut dire qu’à l’époque tout était réuni pour intéresser aussi bien les passionnés de « com politique », les « pro et anti-Ségo », les journalistes que les Français : haut lieu des concerts parisiens (le Zénith), décor théâtralisé, show politique à l’américaine rythmé par une affiche plus qu’improbable (Cali marié à Trust), stand up à la forme et au style aussi décalé que novateur, dress code de la « jeune » et hésitante actrice mi branché mi décontracté (illustré par la désormais célèbre tunique bleue) et formules chocs (sous formes de slogans impactants tels que « fraternité, fraternité ») pour nourrir le débat et créer l’événement. Tout un programme donc avec Ségolène.

Alors à quoi fallait-il vraiment s’attendre cette année avec l’ex candidate à l’élection présidentielle ? Au risque de s’essouffler et de ringardiser un peu plus son image actuellement en perte de vitesse, « la madone » ne pouvait donc réitérer un tel « show » avec les mêmes ficelles marketing. Avec les mêmes recettes de communication. En vue de ce nouveau grand rendez-vous que l’on annonçait plus populaire, le renouvellement était donc le maître mot. C’est pourquoi, ce week-end, la présidente de région a opté pour une rupture totale.

- D’abord sur la forme. Exit les strass et paillettes (corollaire probable de la « défection » du producteur Dominique Besnehard ?), les people (artistes quasi inconnus si ce n’est localement), la personnalisation de la performance illustrée l’an passé par le parti pris du « one woman show » (discours sur estrade sous fond de militants) et, paradoxalement chez Ségolène, la touche bling bling. Période de crise oblige, l’heure était donc avant tout à la sobriété et à la proximité. Les tables un peu « cheap » et les chaises en PVC iront en ce sens. Autre point : le lieu. La douce et chaude ville de Montpellier a remplacé la capitale parisienne dont l’image, jugée élitiste par le staff politique, renvoyait peut-être trop, en termes d’association et d’évocation, à la rue de Solférino, à ses cadres, ses caciques et autres éléphants dont justement l’ex candidate souhaite s’affranchir depuis si longtemps. Autre détail, pas anodin en termes d’image selon moi, celui du discours, orchestré l’an passé en intérieur. Cette année (clémence du temps ou non), il s’est déroulé en plein air comme pour goûter à ce vent de liberté (dans une séquence néanmoins sous le signe de la fraternité) et ainsi mieux suggérer l’indépendance de Ségolène Royal au sein de son parti.

- Maintenant sur le fond. Que peut-on relever ? Trois points intéressants.
Le premier concerne tout d’abord la volonté de Ségolène Royal de s’affranchir à nouveau du PS, « à (le) dépasser » carrément pour faire de Désir d’Avenir « un mouvement puissant » en vue des élections régionales de 2010 puis des présidentielles de 2012. Et de proposer, au-delà d’une machine de guerre politique (indispensable pour toute victoire présidentielle), une alternative au parti socialiste dont elle estime l’organisation et le système dépassés et vieillissants.
Le deuxième élément repose sur la volonté de montrer (à l’appui de ce rendez-vous aux allures par moment de kermesse) que Ségolène, aujourd’hui isolée et abandonnée des cadres (pourtant d’avenir) tels que Valls, Peillon, Rebsamen ou encore Gérard Collomb ou Jean-Noel Guérini, n’est pourtant pas seule. Bien au contraire. « Moi non plus, je ne me sens pas seule » dira-t-elle devant 2000 personnes, signe d’une popularité encore évidente. A l’instar de son ascension éclair de 2006, Ségolène Royal semble vouloir faire une démonstration de force et rejouer l’opinion contre le parti. Change-t-on en effet une « équipe qui gagne » ?

Enfin, un dernier commentaire sur la posture résolument de gauche de la présidente de région. Aussi, les mots autant que les thématiques ont été soigneusement choisis. On entendra ainsi une Ségolène particulièrement remontée dénonçant les « taxes, même rhabillées en vert », montrant du doigt les « banquiers véreux », accusant « le microcosme parisien » (aux allusions pour le moins direct au PS) ou conseillant même le président Sarkozy pour le G20 à « encadrer strictement les bonus […] voire à les interdire ». A l’occasion de cette seconde édition de la fête de la fraternité, Ségolène semble donc être revenue à des préoccupations plus politique dans un style et une formule plus classiques. Autrement dit, privilégier le fond à la forme, une fois n’est pas coutume chez l’ex candidate. Donc un résultat en termes de retombées médiatiques peut-être moins impactant. Avec un buzz, par conséquent, moins important. Martine Aubry lancera-t-elle, dès lors, la seconde édition de son « printemps des libertés » ? That is the question. François B.

2 commentaires:

  1. Très bonne analyse,qui évacue heureusement toute bataille de chiffres(2000,3000?),pour se concentrer sur l'essentiel,à savoir l'emploi,oserais-je dire inespéré parceque si tardif?,du terme "dépassement".
    Ségolène Royal a peut-être trouvé là son nouveau talisman. Et si la candidate poitevine(à quoi donc?)substituait enfin le poids des mots au choc des images?

    RépondreSupprimer
  2. Non le printemps des libertés était un échec

    nouvelle version du site desirs davenirs en ligne aujourd'hui développe en VLD joomla sûrement a toute vitesse ce week end

    RépondreSupprimer