29 avril 2009

Ségo ou les risques de l’hyper visibilité


Dans mon dernier post (qui date un peu, les vacances étant passées par là), j’avais souligné l’hyper visibilité et la posture offensive employées, ces derniers temps, par la présidente de région. A l’appui de ces dernières prestations (les excuses très remarquées de la Madone à Dakar puis sur Zapatero) qui visent à installer dans l’opinion le futur duel de la prochaine élection présidentielle (selon un sondage Paris-Match Ifop, « 83% des Français interrogés pensent qu’elle sera encore candidate en 2012 »), Ségolène semble donc être rentrée en campagne profitant, par la même occasion, du vide politique laissé par le PS dans le cadre des européennes (campagne qui définitivement ne passionne pas), pour occuper l’espace médiatique et jouer les premiers rôles quitte parfois à incarner (pas moins) la voix de la France.


Certes, cette stratégie de sur médiatisation (corollaire d’une capacité rare à être au cœur de l’actualité) couplé avec un ton accusateur de plus en plus subversif a fait de Ségolène Royal la meilleure opposante à Nicolas Sarkozy (29% devant Besancenot 26%, selon un récent sondage Viavoice/Libération ). D’aucuns lui reconnaissent en effet sa combativité et sa ténacité politique (qui rappelle celle de Sarkozy pour exister face à Chirac) face à la parole présidentielle. Pour autant, cette radicalisation constatée depuis quelques semaines semble avoir atteint ses limites comme le prouve son dernier coup d’éclat au sujet de Sarkozy et de Zapatero. Ségolène Royal a-t-elle dit le mot de trop ? Autant les Français avaient plus ou moins soutenu les excuses de Dakar perçues alors comme « légitimes » (pour rappel, 61% des sympathisants de gauche l’ont approuvé), autant la socialiste fut, sur ce coup là, totalement « désavouée » comme l’écrit Le Parisien du 26/04 dernier suite à ses nouvelles « excuses » : en effet, d’après un sondage paru dans ce même quotidien, seuls 22% de l’ensemble des Français lui donnent raison et 68% tort. Ségolène en fait-t-elle trop au point de lasser l’opinion ? C’est ce que semble dire un sondage de popularité rendu public ce jour (le 29/04) par l'Express-France Inter. Située à 45%, la cote de popularité de l’ex candidate à l’élection présidentielle baisse en effet de 5 points par rapport au mois dernier, ce qui la laisse à 20 points derrière Martine Aubry.


Ségolène gagne donc en pugnacité mais perd, dans le même temps, en popularité aux yeux des Français et au sein même de ses rangs tels Manuel Valls ou Gérard Collomb, les alliés d’hier qui ont décidé de s’affranchir de la ligne ségoliste de plus en plus isolée. A l’appui de son fantastique ascension de 2006, la popularité a toujours constitué chez Ségolène le socle de sa force politique. Celle-ci semble aujourd’hui s’effriter.


Dès lors, Ségolène doit-elle alors raréfier sa parole pour regagner des points d’image et être, dans le même temps, plus audible ? Etre la première opposante légitime dans un style « Tout sauf Sarkozy » à outrance ou être la plus populaire aux yeux des Français ? Choix cornélien ? Quel est donc le facteur déterminant pour 2011 (soit 2 ans) en vue de la désignation du prochain candidat PS ? Quel est l’axe payant ? Ce doit être l’une des questions du moment au sein de l’équipe rapprochée de Ségolène Royal. Dans la balance, il faudra également mesurer l’importance de la valeur ajoutée même du candidat, celle de proposer un discours de fond, une vision claire et des solutions présentant un projet de société. C’est le socle de la crédibilité politique sur lequel Ségolène doit maintenant s’appuyer dans une prochaine séquence si elle souhaite en gagner en « présidentiabilité ». François B.

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